Un bled perdu

Le printemps s'annonçait fleurissant. Du haut des arbres on pouvait aperçevoir quelques bourgeons qui ne tarderont plus à éclore. D'entre les branches, le ciel se dressait fièrement au dessus d'eux. Quant au soleil, il bataillait contre quelques nuages parsemant le plus de ses rayons de chaleur de possible. L'odeur de l'herbe mouillée par la rosée du matin s'engouffrait dans les poumons des passants tentant desèspérement de leur redonner ce goût de la nature que tant ont aujourd'hui perdu. Des hommes dont le portable était scotché à leurs oreilles, des personnes avides d'argent et de pouvoirs comme... Enzo, se souciaient bien peu de ce genre de détails.

Il croisa ses jambes et passa ses bras sur les épaules des deux femmes assises à coté de lui. Son dos confortablement installé sur le dossier en cuire de sa limousine, il fit la chose qu'il savait le mieux faire: donner des ordres.

" Roulez plus vite bon sang ! Vous voulez que je sois en retard, c'est ça ?! Vous avez encore manigancé avec mon père pour me mettre en colère !? Hein ?! Répondez !? "

Le chauffeur qui avait l'habitude de ce genre d'attitude, continua de fixer la route. Il inspira longueument pour garder son calme et prit une voix calme et posée.

" Non, monsieur. Je tiens seulement à ce que vous n'ayez pas d'accident. "

Enzo, le nez et les sourcils froncés, s'enfonca encore d'avantage à l'arrière en jetant des regards haineux à tout va. Etre riche pouvait vraiment être lassant parfois. Enzo aurait voulu prendre la voiture et conduire lui même, mais son père en avait décidé autrement.

Enfin, la voiture s'engagea dans le parking. Le chauffeur choisit une place au hasard et se gara. Derrière, une charmante demoiselle jouait avec le bout de tissu qui servait de cravate à Enzo. Ses longs doigts se refermèrent sur son mince poigné.

" Arrête ça. " Dit-il simplement en sortant de la voiture. Décidément ces filles avaient le don de l'inssuporter.

Enzo jeta un regard circulaire autour de lui et prit une mine de dégout.

" Pourquoi tout à l'air minable ici ? Vous croyez sérieusement que je vais rester dans ce patlin ? " S'écria t-il en s'adressant une nouvelle au chauffeur qui se tenait maintenant derrière lui.

" C'est le choix de votre père. "

Encore et toujours son père était derrière son dos. Telle une ombre, il surveillait ses moindre gestes.

" Bon vous me lâchez maintenant ! "

L'homme fit un signe de tête, attendit que les valises soient déchargées, regagna la voiture et partit. Enzo se retrouvait seul, avec toutes ses valises entassées les unes sur les autres sur le trottoir. Il fulmina quelques injures et de rage donna un coup de pied sur la chaussée.

Elle avait longuement hésitée à se lever de son banc ou pas. Ses jambes lui semblaient lourdes et sa tête vibrait d’une étrange façon. Une de ses mains massait sa nuque avec l’espoir vain qu’elle pourrait peut-être se soulager de cette manière. Dormir sur un banc n’est pas du tout conseillé et surtout pour quelqu’un qui se balade en plus avec un simple tee-shirt sur le dos. Miki en avait la chair de poule alors elle avait finit par opter d’aller en cours, pour se réchauffer en chemin. Elle avait l’air comique à se frictionner les bras avec force comme-ci sa vie en dépendait… Mais le regard des autres ne la dérangeait pas plus que ça. Un haussement d’épaules quand elle croisait le regard des gens ou une langue grossière qui dépassait de sa bouche volontairement suffisait à faire baisser plus d’une paire d’yeux.

« Tss… Pourquoi est-ce que je m’emmerde à aller en cours déjà ? »

Elle avait élevé si fort la voix que plusieurs personnes s’étaient retournées sur son passage. Plongée dans ses pensées, elle oubliait de leur retourner un doigt.

*Où est-ce que je vais bien pouvoir dormir cette nuit ?*

À quelques mètres de l’école, elle choisit la voie du parking car c’était le chemin le plus court pour arriver à l’heure. La jeune fille sauta par-dessus la balustrade et atterrit entre deux voitures. Soulagée d’avoir bien visé, pour une fois, elle slaloma entre quelques autres de ces grandes voitures de fils et de filles à papa jusqu’à apercevoir quelqu’un d’autre.

« Tient, tient… Un gosse de riche perdu au milieu de ses valises. Il en a peur ou quoi ? »

Le garçon avait l’air en colère mais aussi complètement seul. On aurait dit qu’il lui manquait quelque chose comme une trentaine de serviteurs ou tout du moins des filles entre ses bras qui le tripoterait avec une tête de cake. Un sourire malicieux sur le visage, Miki entreprit d’aller le voir.
En criant haut et fort elle lui sauta sur le dos.

« Alors on est tout seuuuuuul ?! Oh mais c’est qu’il a l’air perdu le petit garçon à son papa ! »

Oho… La jeune fille s’était préparée à recevoir un coup. S’il essayait de lui en donner hein elle avait sa technique : Elle chope son poignet, retourne son bras et le lui bloque dans le dos. En préparant mentalement diverses attaques de la part du garçon, elle en profita pour lui ébouriffer les cheveux et le gratter dans le cou. Elle savait qu’il allait détester…

Puis comme ça ne venait pas elle remit les pieds au sol et passa devant le jeune homme pour récupérer deux de ses valises qu’elle lui flanqua entre chaque mains. Il avait pas l’air idiot à tenir ses valises comme un hébété… -_______-‘

« T’as vu ça mort pas ! C’est magique, mm ? »

Le temps s'écoulait sans qu'il ne bouge un petite doigts. Tantôt assis, tantôt debout il ne pouvait que regarder sa montre et attendre. Attendre que quelqu'un se charge de tout ces bagages encombrants qu'il ne portrait pour rien au monde. Le premier passant qui passa eut droit à un ordre direct venant de 'sa majesté'. Ordre qu'il lui renvoya à la figure en pestiférant que les jeunes d'aujourd'hui étaient vraiment tous des ingrats ainsi que des bons à rien.
Nouveau coup dans la chaussé, nouvelle pointe de douleur dans l'orteil. Il articlua quelques injures entre ses plaintes en s'éloignant du trottoire. Ses jambes s'emêlèrent les pinçeaux dans les valises. L'adolescent s'écrasa sur celles-ci.

" Aaaah ! " Hurla t-il comme un gamin contrarié.

Finalement, après une bataille acharnée de coup fermeture éclaire, Enzo se remis sur pied. On ne pouvait pas en dire autant de ses valises. Certaines d'entre elles étaient ouvertes et déballaient leur contenu sur le parking. Et maintenant qui allait les ramasser ?

* Une chose est sûre, plus jamais je ne toucherais à une valise de ma vie. *

Il se plia presque en deux quand une personne lui sauta dans le dos hurlant des paroles que l'adolescent avait du mal à comprendre tant il était surpris. Ses pupilles pivotèrent vers l'inconnue qui s'accrochait desèspérement à son cou.

" Hein ?! T'es qui toi !? Lâche moi tout de suite ! "

Il tourna sur lui même en espérant qu'ainsi baloter elle lâche prise. En vain. Fort heureusement la personne était légère. Mais pour un adolescent qui ne pouvait même pas porter une valise s'était déjà bien assez. Déjà il poussait sentir une petite douleur en bas des reins.

" T'es sourde ou quoi ?! Descends ! "

Enfin elle toucha terre. Enzo se retournit violement prêt à lui dire ses quatres vérités quand de nouveau il se sentit pencher en avant. La demoiselle semblait lui avoit flanquer sur les bras ses deux valises. S'en suivit une réplique cinglante. Venant de la bouche d'une fille c'était inacceptable pour Enzo qui lâcha les valises.

" T'es complètement folle ou quoi ?! Tu veux me tuer en me sautant dessus comme ça ! Et puis arrêtes de parler sans arrêt ! Tu crois quand même pas que je vais porter tes valises à ta place ?! Tu me prends pour qui ?! "

Mais c’est qu’il hurlait beaucoup ce jeune homme ?! Miki ferma ls yeux et soupira profondément. S’il continuait à être aussi désagréable, il allait sentir qua ça fait mal de s’en prendre à elle. Les yeux clos elle l’écoutait parler pour ne rien dire avec une pointe de détresse dans la voix… Pourquoi est-ce qu’on devrait se plier aux ordres d’un mec sortit de nulle part qui gesticulait comme un fou en plein milieu du parking ? De plus, les valises de celui-ci faisaient pitié à voir… Complètement défaites et étalées par terre.

« T’es pitoyable… Ce sont tes valises. La mienne elle est sur mon épaule. »

Elle indiqua du doigt le sac bandoulière rouge qui paraissait bien plus léger que les grosses valises mal remplies de ce dernier.

« Et pour information, je te prend pour un coq. Toujours là à chanter et à donner des ordres mais il sait rien faire de plus. De toute façon, un jour ou l’autre, il finit dans mon assiette le coq alors tu as intérêt à la boucler sinon je te musle moi-même ! Compris ? »

Ferme, froide et cinglante. Elle avait recommencée à être désagréable… Mais cette fois-ci quel mal y avait-il ? Ce garçon ne pouvait pas se plaindre qu’on lui parle mal. Le respect est à double sens. Bon, d’accord… Miki n’est pas du tout le bon exemple mais tout de même… Quel enfoiré ce mec ! Parler comme ça à une fille ?!
Elle eut quand même un petit sourire, bien évidemment. Il ressemblait vraiment à un coq. Surtout quand il fronçait les sourcils avec un drôle d’air !

« Bon. Tes valises, personne va te les porter ici. Soit tu les laisses ici et tant pis pour toi, soit tu prend ton courage à deux mains et tu les met sur ton dos. »

La jeune fille s’approcha du jeune homme et lui ébouriffa les cheveux en lui souriant comme s’il était un petit garçon qui boude à qui ont veut montrer qu’on ne lui en veut pas.

« Allez, Cocorico. »

C'était bien la première fois qu'on lui disait ce genre de chose. Comment çà un incapable ? Enzo tempestait intérieurement à cette remarque sortit de la bouche d'une fille. Voilà qu'on lui faisait la morale, à lui, Enzo Nakamura, l'une des plus riches personnes du Japon. Cette fille ne semblait pas avoir un sou en poche et se permettait d'hausser le ton devant lui. Quand Enzo s'apprêta à la remattre en place, se fut elle qui le fit. Il se retrouva béat, presque pantoi devant les remarques de cette jeune fille.

" Je suis pas un coq.. " Se content-il de dire avec une mine boudeuse.

Ses doigts se refermèrent sur ses valises qu'il souleva avec peine.

" Tu vois que j'en suis capable, sac à patate ! "

Enzo avait dit le premier surnom qui lui avait traversé l'esprit. Il s'était dit qu'il ne devait pas être le seul à avoir un surnom débile. En jugeant vite fait la tenue de son adversaire numéro un à partir de maintenant, il s'était décidé pour 'Sac-à-patate', surnom qui lui allait particulièrement bien, pensa t-il.

" Je peux très bien porter mes valises seul ! Et toi où est-ce que tu vas avec cet accoutrement et se mini-sac, hein ? "

Il lui emboita le pas, presque en trainant ses valises.

" Puisque ta les mains libres, prends l'autre au lieu de me regarder ! "

« Je suis pas un coq... »

Miki observa la longue mèche blonde qui cachait le visage de l’autre asiatique en face d’elle. C’était dommage de cacher un visage qui promettait d’être plutôt mignon…

« Oh que si tu es un coq. »

Un soupir séchappa de sa bouche quand elle l’entendit répliquer comme un enfant. C’était terriblement difficile d’être méchante avec un enfant alors elle lui ferait peut-être une fleur.

« Tu vois que j'en suis capable, sac à patate ! »

Il avait attrapé ses valises et commençait sérieusement à les porter. C’était déjà pas mal… Le problème c’est que la jeune fille n’allait certainement pas le laissé s’en sortir comme ça en la dénigrant à cause de sa tenue vestimentaire.

« Moi ? Un Sac à patate ? Tu veux voir ce qu’il y a en dessous pour juger ? Non, qu’est-ce que je dis.. Je ne coucherai pour rien au monde avec un coq… De toute façon, je ne vois pas l’intérêt de bien s’habiller. »

On pouvait s’attendre à ce qu’elle frappe car elle exagérait souvent dans ses réactions, mais cette fois elle s’était mise à se poser des questions. Si les gens ne l’appréciaient pas, était-ce à cause de son physique ? Ca ne l’étonnerait pas. Elle était débraillée et faisait toujours la tête. Il était rare qu’on puisse voir un véritable sourire sur son visage. D’ailleurs, elle avait la mine boudeuse à son tour.

*Quel mufle…*

« Je peux très bien porter mes valises seul ! Et toi où est-ce que tu vas avec cet accoutrement et se mini-sac, hein ? «

La jeune fille releva la tête et se tourna vers l’entrée du bâtiment.

« Je vais au lycée. Mon premier cours en faite… J’ai séché les autres. Et je m’habille comme je veux ! De toute façon je n’ai pas grand-chose à moi alors un petit sac c’est tout ce qu’il me faut. »

Elle haussa les épaules et ramena son sac contre son ventre pour y fouiller dedans à la recherche d’une bouteille d’eau. Facilement elle l’attrapa et en retira le bouchon pour y boire avec avidité mais attention ! Sans sauvagerie ! Ce n’était pas non plus un barbare…
La tête en arrière elle avala sa dernière gorgée pour l’instant et vissa à nouveau le bouchon.

« Puisque ta les mains libres, prends l'autre au lieu de me regarder ! «

Elle leva les yeux au ciel et jeta la bouteille dans son sac. Un petit sourire aux lèvres elle l’imita en citant ses paroles il y avait à peine quelques secondes plus tôt.

« Je peux très bien porter mes valises seul ! Eh ben alors ? On a besoin d’aide maintenant ? Ca dure pas longtemps les actes de bonne foi.»

Imprévisiblement elle alla chercher la valise restante et la soupesa avant de la porter totalement. Verdict : Il avait mit des pierres là-dedans. Sans se décourager pour autant, elle la souleva, puis passa devant lui et s’amena jusqu’à la porte pour l’ouvrir au jeune homme. Miki s’abaissa et fit une arabesque avec sa main.

« Si Monsieur le veut bien. »

La proposition de Miki ne l'incita pas d'avantage à l'aimer et encore moins à l'apprécier. Elle était entêtée, vulgaire, arrogante et surtout insupportable. Exactement comme l'homme en face d'elle ! Pas étonnant que leur rencontre soit si explosive !

* Je la déteste *

L'adolescent pouvait déjà imaginer leur relation futur. A chaque fois qu'il se verrait se serait sous pour une bonne partie de moqueries, soit pour s'interpeller par leur surnom ridicule ou pire encore se crier dessus. Enzo avait bien du mal à garder son calme mais savait bien qu'il ne fallait pas taper une fille.

* Même si c'est la fille la plus chiante que la terre est jamais portée... *

Elle commença par refuser clairement l'invitation, ou plutôt l'ordre d'Enzo. Il serra bien d'avantage ses valises et d'un regard noir, planta ses prunelles dans les siennes.

* Je vais faire un massacre. *

Mais, au moment où il s'y attendait le moins, elle s'empara soudainement de la valise et la traîna jusqu'à la porte d'entrée. Puis, elle l'invita poliement..trop poliement à entrer. Après avoir vu de quoi elle était capable, Enzo s'attendait à ce qu'elle lui ferme la porte au nez en grimaçant.
Mais, il fallait qu'il se rende à l'évidence: il n'avait pas le choix. En traînant presque des pieds il monta les quelques marches qui menaient à l'entrée.

" Rhaa ! Pourquoi ils ont mis des marches !? Ils ne pouvaient laisser ce terrain plat !? "

Enfin, il atteignit le sommet vaguement essoufflé. Les deux valises dans ses mains, Enzo entreprit de passer par la porte. Trop petite pour les contenir tous les trois.

" P'tin, tu peux pas ouvrir plus grand toi !? Tu vois bien que les valises ne passent pas. "

L'adolescent avait si peu le goût de l'effort qu'il ne pensait plus qu'à une chose: tout lâcher. Pourtant avec un peu de jugeotte, il serait peut être quand passant les valises unes à unes il n'y aurait plus de problème.

C’était toujours la même rengaine. Il se plaignait, il donnait des ordres et attendait sagement qu’on fasse ce qu’il voulait. Elle se les imaginait bien être comme ça dans ce lycée. Tous des coqs et des poules…Brr ! Elle en frissonna de peur. Ca n’allait pas être facile de se motiver à venir. Il aurait mieux valu qu’elle se trouve un boulot plutôt que de venir ici. D’ailleurs, elle s’en chargerai ce soir pour être le moins souvent disponible pour cet basse-cour bien trop chic et malodorante pour elle.

« Rhaa ! Pourquoi ils ont mis des marches !? Ils ne pouvaient laisser ce terrain plat !? »

Miki leva les yeux au ciel et l’observa faire avec ses valises. Un vrai empoté de première, il veut tout faire passer en même temps. C’était vraiment un cas…

*Qu’est-ce qu’il est…. Bakaaaaa ! ><*

« P'tin, tu peux pas ouvrir plus grand toi !? Tu vois bien que les valises ne passent pas. »

Alors ce jeune homme-là, elle était sûre de ne plus jamais le revoir. Arrogant, ennuyant et insupportable. Kamisama ! Il allait en voir de toutes les couleurs avant qu’elle ne s’en aille. Elle l’aurait bien juré et craché.
Elle posa son pied contre la porte pour la tenir puis se positionna derrière Cocorico. D’une main la jeune fille fit passer une première valise, puis de l’autre elle poussa la deuxième juste après. Pour finir, elle se recula et laissa la porte claquer dans le dos du coq qui là, était sûr d’être rentrer en entier et avec ses valises.
Miki passa une main sur son front où quelques mèches de sa frange s’étaient collées. Cette valise était vraiment lourde, elle l’aurait volontiers jeté sur l’autre là mais elle avait décidé de lui rendre service alors elle irait jusqu’au bout. Du coup elle entra dans le hall en essayant de ne pas écraser le garçon qui se tenait au sol.

« Tu aurais pût le demander gentiment, ça ne t’aurait certainement pas écorché la bouche. »

Un sourire forcé aux lèvres et un haussement d’épaules lui prouvant qu’il était à terre et ce pour une bonne raison, elle partit plus loin dans le hall pour pouvoir éviter ses jurons et autres abominables choses qu'il allaient certainement lui sortir d’ici peu.

*Qu’est-ce qu’il est chiant… Vivement qu’on en finisse.*

Miki ne se souciait pas vraiment de savoir ce qu’allait faire Cocorico. Elle le considérait comme un simple chieur parmi tant d’autres. La preuve, elle s’était posée contre un mur et avait lâché la valise pour pouvoir se reposer quelques secondes. Elle attendait qu’il lui dise où était sa chambre pour pouvoir lui déposer sa valise et partir en vitesse. Bien d’autres choses l’attendait comme déguster une glace au tofu dans un parc, chercher un boulot et traîner dans la rue à la recherche d’éventuels appartements pas trop chers.
D'autres choses ennuyantes en fait.

Sur le coup elle avait été plus maligne que lui. Mais maintenant il s'en souciait peu. Il n'avait rien eu à faire et trouvait que c'était bien plus plaisant que de devoir se fatiguer à porter ces satanées valises. Une attitude qu'il avait toujours prise, puisque, jamais ô grand jamais, on ne lui avait demandé de faire une telle chose. Alors quand aujourd'hui on lui avait demandé cette modeste action, Enzo il n'avait pas pu y faire face. Pire encore son esprit même ne pouvait pas conçevoir qu'il le fasse.

* C'est quand même bien mieux comme ça. *

Il franchit la porte, les mains dans les poches. En retrouvant ses valises de l'autre coté, il prit une mine dépitée.

" Bon sang ! Mais les protier n'existe pas ou quoi ?! Faut tout faire soit même ici ! "

L'accueil était tout proche. Il décida d'y faire un tour pour signaler qu'il était mécontent d'un service qui n'éxistait pas. La personne qui s'en occupait le remballa dans les règles de l'art et reprit même un mot qu'Enzo avait entendu plus d'une dizaine de fois en une heure: 'Coq'.

De nouveau, il s'empara sauvagement de ses valises et rejoint, Miki qui l'attendait.

" Qu'est-ce que t'attends ? Que je sorte un troisième bras pour t'aider ? "

Il marmona une nouvelle liste d'injures, mais cette fois en japonais. Dans ce flot de parole on aurait presque pu penser qu'il jetait un mauvais sort à son père. Il avait continuer à marcher sans se soucier de Miki qui s'était simplement assise sur la valise, le visage contrarié.
Quand Enzo sentit le grand vide derrière lui, il se retourna brusquement pour voir l'adolescente aux envies meurtrières.

" Quoi ? Tu veux me tuer ? Rassure toi moi aussi. "

Enfin il se posa la bonne question.

* Où est ma chambre déjà ? *

La pointe de sa chaussure s'écrasa durement sur la valise qui tomba sur le sol dans un bruit sourd. Cet idiot avait demandé la chambre située sur le plus haut des étages.
Enzo aperçut un ascenseur. Inmédiatement il s'acharna sur le bouton. Tout en pointant du doigts l'ascenseur, il interpella Miki.

" Viens par là ! "

Est-ce qu’il croyait réellement qu’elle ne le comprendrait pas dans son jargon de japonais ? Sûrement. Il continuait à proférer tout un tas d’insultes qui fit naître un imperceptible sourire sur ses lèvres. C’était un sourire que personne ne pouvait remarquer chez Miki, même pas ses parents.
Elle avait prit soin de le cacher en prenant un air contrarié tout en l’observant hurler ce flot de paroles continu que, finalement, Miki abandonnait de traduire. Il avait finit par agresser les gens de l’accueil qui lui avait retourné que ce n’était qu’un coq et qu’il ferait mieux d’être plus poli la prochaine fois. Ces gens avaient l’air d’avoir l’habitude de ce genre de personnage. Et ça ne rassurait en rien Miki…

« Qu'est-ce que t'attends ? Que je sorte un troisième bras pour t'aider ? »

Un grand soupir, le millième aussi, et la jeune fille frappa dans ses mains pour applaudir.

« Ce serait une première. »

Gardant son air contrarié pour cacher à quel point elle le trouvait désopilant, elle décida de rester planté sur sa valise en attendant de savoir la destination finale car, au bout du compte, on ne la savait toujours pas.

« Quoi ? Tu veux me tuer ? Rassure toi moi aussi. »

« Je te tuerai la première, sois en sûr. »

D’un seul et même coup elle se leva et prit sa valise pour la traîner vers Cocorico qui s’esclaffait déjà en appuyant comme un forcené sur le bouton de l’ascenseur.

« En voilà une bonne idée. La première. »

.
Miki rentra avant lui dans l’ascenseur et posa sa valise au sol. Soulagée elle se colla contre une des parois de l’engin et ferma les yeux. Leur rencontre touchait bientôt à sa fin… Plus que quelques minutes…
Cet endroit clos et plutôt chaud la fit suffoquer. C’était vraiment le ponpon d’être en difficulté respiratoire avec un individu qui ne se gênerait pour faire des remarques en tout genre. Du coup elle entreprit bien d’enlever son tee-shirt mais c’était hors de question avec lui. Elle attendrait d’avoir jeté sa valise devant sa porte et d’être sortit d’ici. À la fin, elle serait juste venu ici pour porter ses valises ? Non… Elle devait sûrement aller en cours. Oh et puis non… Si elle était dans la même classe que Cocorico, son petit cœur ne le supporterait pas. Elle finirait même par exploser et l’étrangler en plein cours en lui hurlant de se la fermer. Même s’il ne faisait rien.

« C’est long ce truc, merde. J’veux pas passer ma journée avec un fils à papa. »

Une puis deux valises furent balancées dans la cage de l'ascenseur. Tout de suite, Enzo se sentit beaucoup. Miki ne semblait pas pouvoir en dire autant dans cet espace confiné, mais Enzo, en bon égocentrique ne voyait rien. Il se dirigea vers le fond et se posa, dos contre la ferraille et croisa les bras. Même indiquer l'étage semblait être trop pour lui.

Après quelques minutes à se regarder dans le blanc de l’œil, se fut Enzo qui se désista.

" Ca va, j'y vais ! "

Un, deux pas et son index s'écrasa sur le bouton soigneusement appelé "Bouton 2". Aussitôt l'apparil décolla. A part un petit soulèvement au cœur, l'ascenseur pas grand chose à Enzo qui avait regagner sa place et sa position.

* C'est long... *

Peut être mais au moins, ici, il n'avait pas à porter ses valises. L'adolescent passa un bon moment à penser à tout ce qui ne tournait pas rond chez les autres et dans le monde entier. Bien sûr il omit de se juger lui même. Pour lui, malgré une forte personnalité, il était quelqu'un de tout à fait convenable.

Il manqua de tomber quand l'ascenseur rua dans un brouhaha infernal. Pas rassurer pour un sous, il se releva énergiquement et commença à chercher une explication.

" Hein ?! Qu'est-ce qui se passe ?! Ce tas de ferrailles est quand même pas tombé en panne ?! "

Justement quelqu'un d'assez ingénieux avait prévu cette possibilité. Un cadres à briser en cas d'urgence avait été installé. Enzo décocha un coup de poing qui éclata la vitre en quelques dizaines de morceaux. Il appuya sur l'interrupteur et s'écria:

" Allo ?! Il y a quelqu'un ?! Sortez nous de là ! "

La musique d’ambiance était bien calme et fluette. Horriblement légère quand deux personnes qui ne peuvent pas se voir s’envoient des ondes négatives égales aux radiations de la bombe d’Hiroshima. Miki l’observait en fulminant intérieurement, en se disant que désormais elle allait pouvoir se barrer de cet endroit et l’oublier définitivement. Mais surtout, ce qui la rendait encore plus anxieuse qu’elle ne ‘était déjà, c’était qu’elle ne pouvait pas supporter cet endroit désespérément clos. De plus, il était relativement petit car ils étaient serrés contre les valises… Il fallait qu’elle sorte d’ici au plus vite. Ce mec n’allait lui servir à rien en cas de malaise. Il allait même la faire mourir plus vite.

Un bruit de ferraille abominable la stoppa net dans ses pensées. Le cœur battant à tout rompre et inquiète comme pas possible, elle tourna la tête vers Cocorico en priant de toutes ses forces qu’il fasse quelque chose.

« Je suis sûre que c’est de ta faute. Avec toutes ces énormes valises et en plus tu as dû toucher au mauvais bouton… Empoté comme tu es ce serait pas étonnant ! »

Avant qu’elle ait pû le lui dire il avait déjà éclaté le cadre à briser en cas d’urgence. Une pluie de petits bouts de verre se répandit sur le sol tandis qu’il hurlait.

« Allo ?! Il y a quelqu'un ?! Sortez nous de là ! »



Silence de plomb ou presque. Miki ferma les paupières et se mit à genoux. Folle de rage et bientôt prise de suffocations, elle attrapa les bouts de verre qu’elle serra dans sa main jusqu’à se faire de multiples écorchures puis elle les envoya au visage du jeune homme.

« C’est de ta faute ! J’vais crever ici, avec toi. C’est la pire des morts qu’il soit ! Il faut que je te tue ! »

Elle se releva comme une furie attrapa les épaules du garçon pour le secouer à n’en plus finir et toujours plus violement chaque fois qu’il essayait de dire quelque chose.

« C’est le Roi des Démons ! Je vais le tuer ! »


Miki le lâcha et glissa le long de la paroi, en suffoquant toujours plus. Elle posa une main autour de sa gorge et agita l’autre pour lui faire de l’air. Ses cheveux lui collaient désormais au front mais aussi dans la nuque. Ses yeux lui piquaient et étaient bordés de larmes.

Et voilà qu'elle rejetait indéniablement la faute sur la seule personne à coté d'elle. A défaut d'avoir fait pas mal de connneries depuis qu'il était arrivé ici, Enzo retraça dans sa sa tête le chemin et geste qu'il avait parcourut. A deux reprises il n'y trouva rien à redire.

" C'est pas ma faute ! Ca serait plutôt la tienne c'est toi qui était à coté de tous ces boutons, sac-à-patate ! "

Les explications virent par la suite. Enzo se sentit vidé de toute énergie, complètement dépité par la nouvelle semblable à un coup de massue. S'en suivit un lourd et interminable silence. Les deux adolescents se jetaient mutellement des regards assassins en se demandant lequel allait dégainer le premier.
Ce fut Miki. A peine avait-elle prononcé une très audible menace de mort qu'elle avait aussitôt bondit sur Enzo. Sous son poids, il fut projeter contre la porte derrière lui. Baloter en tous sens, il ne pouvait pas faire grand chose à part crier.

" Qu'est-ce tu fais, lâche moi tout de suite !! ... Lâche moi espèce le sac-à-patate. "

Après la tumulte, elle consentit à le lâcher. Par reflexe il placa une main sur son coup qui avait prit une tinte rouge. En la retirant, Enzo vit que ses doigts étaient tâchés de sang.

" AAAAAHHHHH !! TU M'AS TRANCHE LA GORGE !!! "

Ce qu'il n'avait pas vu c'est que se n'était pas lui qui saignait.

" JE VAIS MOURIR A CAUSE D'UN SAC A PATATE ! " T_T

Enzo vit la main de Miki rejoindre sa propre gorge. Il tenta de regarder par dessus son épaule sans rien aperçevoir. Il la poussa légèrement de son pied.

" Hé, arrête d'être comme ça, c'est moi qui vais mourir par ta faute, pas toi. "

Et puis, enfin, il aperçut les mains de Miki tailladées par les bouts de verre.

" Alors... c'était mon sang.. "

* Je suis sauvé T_T *

Les difficultés respiratoires attirèrent son attention. Il s'agenouilla en face d'elle et essaya de paraître le plus inatentionné possible.

" Idiote, qu'est-ce qui t'as pris. "

Il lui saisit les mains sortit un longe d'une des ses valises et l'appliqua sur les plaies.

" Avec ta bouteille d'eau on tiendra assez longtemps... Et ne me dis pas que t'as tout bu ! "

« J’suis pas une idiote. »

Réussit-elle à articuler entre deux grandes bouffées d’air. Pour une fois elle n’avait pas pris un ton sarcastique ou méchant, juste un ton plaignant. Elle se détestait à faire tout son cirque devant lui. Elle aurait voulu dire que tout va bien et qu’il était le seul à s’inquiéter après tout. Malgré ça, elle n’arrivait pas oublier le fait qu’elle était totalement enfermée….

« J’ai bu deux gorgées… »

Au moment où elle allait ouvrir son sac pour lui prouver qu’il en restait pas mal, il avait prit ses mains pour les enrouler dans un linge. Une chose totalement unique dans les circonstances.

« Fais pas attention à moi… Ton cou il est plein de sang aussi… »

Miki détourna la tête ailleurs pour ne pas lui montrer qu’elle était gênée. Être sympathique et docile lui coûtait beaucoup d’elle-même. Comment est-ce que ça devait réagir une fille dans ces cas-là ? Est-ce qu’elle devait roucouler comme une poule ? Et est-ce que ça roucoule une poule ?

Elle donna un coup de coude à son sac pour le faire glisser sur le côté et ramena ses jambes vers son menton. Rageuse, elle donna un grand coup de talon dans l’ascenseur qui bougea plus qu’il n’était nécessaire pour elle.

*Zen, zen… Tout va bien…*

Ses mains se crispèrent sur le linge que Cocorico lui avait donné, ses yeux restant clos depuis déjà plusieurs minutes, elle appréhendait l’heure qui arriverait. On aurait dit une toute petite fille qui se serrait contre elle-même pour avoir moins peur, ses cheveux la cachant des autres.



L’ascenseur faisait un bruit d’enfer tandis qu’il redémarrait en tremblant de partout. Miki leva la tête et s’accrocha à son sac au cas où , même si cela ne lui servirait sûrement pas à grand-chose.

« Kyaa ! »

La jeune fille n'avait même pas remarqué qu'elle avait finit par respirer normalement.

" Si tu n'en étais pas une tu ne te serais pas taillader les paumes des mains, idiote. "

A force de s'insulter en permanence, plus personne ne faisait attention aux insultes qu'ils se lançaient à la figure. Ils ressemblaient vraiment à deux gamins tellement têtus l'un et l'autre qu'ils n'y avaient plus d'issue possible. Enzo soupira longueument quand il comprit le temps qu'ils allaient passer là, à attendre en sa compagnie.

" Tu me dois deux chemises. Regarde elles sont toutes tâchées de sang, maintenant. "

Il montra d'un hochement de tête, la chemise sur les mains de Miki et son col. Comme il savait qu'il ne soutirait rien d'elle avant d'être descendue d'ici; il s'assit dans un recoin et attendit sagement. Il manqua une nouvelle chutte quand l'ascenseur redémarra en trombe.

* Pourvu qu'il tienne jusqu'en haut... pitié *

Prière qui fut exhausée. L'ascenseur monta jusqu'en haut sans rechigner ou presque. Il n'y avait plus qu'une chose qui le tracassait.

" Qui va porter les valises maintenant ?! Regardes tes mains ! Rhâ ! T'es vraiment une idiote, sac-a-patate. "

Dans un léger tintement, les deux portes coulissèrent sur le coté pour laisser le passage aux deux élèves. Enzo ne perdit pas plus de temps, il balança les valises une à une à travers la porte et sortit à son tour. Enfin il allait pouvoir entrer dans sa chambre et s'écrouler sur son lit.

Enzo prit une valise dans chacune de ses mains et poussa l'autre avec le pied.

" Bon alors, tu sors ou tu restes planté là ? "

* Plus jamais je reprendrai l'ascenseur *

[HJ: Suite dans la chambre je suppose XD]